samedi 12 mai 2012

Premiers jours … l'autre côté du miroir


Dès l’après midi j’avais hâte de recueillir ses premières impressions sur l’accueil qu’elle trouva, malheureusement, celles-ci étaient assez réservées.

Point d’ami à son arrivée, juste Yoline venue lui offrir un bouquet de fleurs avant de disparaître quelques instants plus tard de son horizon.

Notre jeune avocate, chargée de la finalisation du contrat de location de la maison, fit une apparition éclair, se contentant de lui remettre les projets avant de s’éclipser (sa maternité devant certainement être portée à son crédit), sans même lui proposer de la mettre en relation avec un confrère pour s’assurer de la bonne fin des opérations, la laissant ainsi assez désemparée face à l’ampleur de ce qui restait à faire, entre autre, créer la structure juridique, établir les contrats pour le personnel, ouvrir les comptes bancaires, engager un comptable, tout cela sans connaître les règles et encore moins la langue, tout cela sans compter que quelques semaines plus tard nous apprenions qu'elle était entrée au service de notre propriétaire avec qui nous étions toujours en affaires,  sens particulier de l'éthique

J’essayais de rassurer Céline bien que ressentant moi-même quelques inquiétudes face à cette situation.
Laissons donc passer la nuit, nous ferons un point demain.

Je me souviens, comme si c’était hier de cette conversation du petit matin :

-       Bonjour Chérie, comment vas tu ? 
-      A merveille, je t’attends impatiemment, je suis dans le jardin, pieds nus dans l’herbe fraîche regardant la mer, bleue, là juste en face,  enfin je suis chez moi, j’ai hâte de rencontrer ma nouvelle équipe demain, dès aujourd’hui je commence à m’occuper des formalités administratives.
Je reconnaissais bien là les qualités de battante hors normes de ma complice toujours prête à faire face à l’adversité.

Rassuré et optimiste, je repris mes occupations …

3 jours plus tard 

21 janvier 2007

LES ISRAELIEN(NE)S DEFENDENT LEUR IMAGE

Le grand jour

Céline découvre

Les nouveaux bureaux : J’ai encore en mémoire les critères de recherche pour les bureaux :
-       Une vue dégagée sur la mer afin de pouvoir la regarder en entendant les parisiens râler sur le climat.
-       Une belle pièce bien claire, permettant à l’équipe de travailler dans de bonnes conditions.
-       Une situation pratique proche des transports et des lieux de vie
En toute honnêteté je crois avoir rempli le cahier des charges , et elle a paru apprécié.

La nouvelle équipe :Elle a demandé une équipe d’une dizaine de collaboratrices motivées dynamiques et responsables  …

            9 : 00  toute l’équipe est présente pour ce qui aurait dû être la prise de fonction, mais, après les présentations personnelles de chacun, toute l’équipe reste debout au pied de sa chaise, après un moment d’étonnement Céline demande
-Quelque chose ne va pas ? 
(une jeune femme prend la parole) 
- Oui, en effet 
-Ah ? 
- On a bien réfléchi, et on a considéré que le salaire proposé est insuffisant, donc on demande une augmentation sinon on refuse de travailler,
-Mais, vous en avez parlé avec mon mari, il y tout juste quelques semaines,et vous étiez d'accord avec les conditions, non! 
 -Oui , mais de toute façon vous etes coincée, sans nous vous ne pouvez rien faire ! 
Moment d’hésitation de Céline proprement déstabilisée 
- Très bien, mesdames, vous pouvez rentrer chez vous, quant à moi, mes valises ne sont pas défaites, je rentre à Paris !
Stupeur dans l’équipe qui après quelques conciliabules rend les armes
-       Bon, c’est entendu on accepte de travailler.
Bonjour l'ambiance, voila de quoi faire cauchemarder plus d'un DRH mais, bon!, Welcome to Israel, il parait que tout Alliah se mérite n'est ce pas ?


Je ne sais pas ce que vous pouvez en penser chers lecteurs, mais pour une entrée en matière, ce fut une belle entrée en matière, nous n'en n'attendions pas tant 

Mais nous n’en n’étions qu’au début….

mardi 8 mai 2012

Cinq ans plus tard !





Cinq années, cinq longues années avant que je me décide à reprendre l’histoire…




Il nous a bien fallu tout ce temps pour digérer, atterrir et commencer à en parler à nouveau
Mais reprenons :       

Les Premiers Pas

Apres un long silence dû à la gestion des urgences dont vous aurez les détails, je reprends la rédaction de notre journal.

Une fois le point de chute défini, il ne restait plus qu'à se jeter à l'eau.

Contact fut pris avec l'Agence Juive pour les formalités administratives et là le rideau se leva sur l'Administration et la Bureaucratie israélienne.

Tout commença lorsque nous annonçâmes à notre délégué que nous ne partions pas le même jour mais à quelques semaines d'intervalle, pour des raisons de suivi et de transfert d'activité.

Dialogue :
- Quand voulez vous partir ?
- Dès que nous pourrons trouver un vol qui nous conviendra
- Il y a des vols planifiés, il faudra vous y tenir
- Bien entendu, mais vous savez que nous gérons une entreprise et donc nous avons des contraintes, nous souhaitons choisr notre vol et prendre le billet à notre charge, est il possible dans ces conditions de pouvoir bénéficier des avantages de surpoids accordés aux olim (immigrants pour les néophytes ) ?

- Ah Ah ! vous n'y pensez pas sérieusement ?
- Si bien sûr ! où est la difficulté ?
- Ce n'est pas prévu, c'est tout ! Il faut arriver en groupe pour que le bureau d'immigration de l'aéroport soit ouvert
- on ne peut pas arriver par nos propres moyens et nous rendre au bureau d'immigration ?
- Oh la ! on voit bien que vous aimez la difficulté vous! C'est tres compliqué ...
- Bien alors quels sont les prochaines dates ?
- Il y a de la place sur le vol du 31/12
m'adressant à Madame
- Super, chérie! tu fêteras la nouvelle année dans l'avion ça devrait être sympa !
Le conseiller
- Oui vous fêterez ainsi une nouvelle année et un nouveau pays
- Non Elle seulement
- Quoi ? Vous ne partez pas ?
- Pas tout de suite, il faut que je reste à Paris pendant qu'elle démarre l'activité sur place, mais c'est une question de 4 à 8 semaines, le temps de basculer l'activité.
- (pensif et suspicieux) Ah ouui! Mais alors vous faites une allia (montée, synonyme de retour ) séparée ?
- Séparée, c'est un grand mot, il s'agit tout au plus d'un mois ou deux de décallage, vous comprenez n'est ce pas ?
- Ouiii Bien entendu, mais là il faut établir une demande spéciale.
- Ah ?
- Oui Il faut vous rendre au consulat tous les deux pour que vous autorisiez Madame à partir sans vous.
- Mais elle n'a pas besoin de mon autorisation pour partir si elle veut, vu qu'elle n'emmène pas les enfants avec elle.
- Je comprends mais c'est comme ça !
- Vous savez nous avons beaucoup de mal à nous libérer en même temps, est il possible de faire cette formalité séparément ?
- Du Tout ! ( porte close)
- Bon alors que doit on faire ?

Nous présentant un formulaire il nous précise que nous devons nous rendre au consulat

Rendez vous pris, nous nous rendons au consulat, pour y accomplir cette formalité.

Passons les détails, cette formalité apparemment simple qui consiste au Monsieur d'autoriser la Madame à partir toute seule prit quelques minutes au consulat et près de 2 semaines ensuite pour être validée par l'Administration (vous savez avec les mesures internationales sur les couples, les plans anti-terroristes, les mariages blancs, j'en passe et des meilleures ) ça devient tres difficile.

Le jour convenu, Céline se présenta à l'Agence pour y obtenir son billet et un certain nombre d'informations
Après 2 heures d'attente, elle fut reçu en 10 mn et là le délégué lui expliqua qu'elle devait entre autre choisir une caisse de sécurité sociale parmi les quatre existant. Elle demanda quelles étaient les principales différences entre les organisme il lui fut répondu ;
- Vous demanderez à vos voisins
- Mais je ne connais personne là bas et je ne parle pas l'hébreu !
- Oui mais vous verrez bien !

autre dialogue surréaliste :

Céline : C'est dommage que vous ne nous fassiez pas rencontrer d'autres immigrants, ça pourrait faciliter les choses peut être.
Le délégué : oh! vous vous reconnaitrez bien à l'aéroport .

On commençait à toucher du doigt ce qui aller s'avérer être une constante au cours de notre aventure israélienne... le décalage

Bref, Voila enfin Céline dotée du fameux blanc seing et du billet "one way" gracieusement financé par le gouvernement israélien.

Les valises bouclées après avoir préparé autant que faire se peut les cartons du déménagement,
nous voila en route vers l'aéroport, enthousiasme, angoisse, excitation, tout un ensemble de sentiments confus se mêlent en nous parmi ces candidats au départ qui se pressent devant les comptoirs d'enregistrement on ressent un pincement au coeur... la première grande séparation en 32 ans.


2 Janvier 2007 5heures du matin Aéroport Charles de Gaulle, ma chère et tendre escortée, commeune victime promise au sacrifice, par sœurs et nièces dans un cortège enlarmes, se rend à l’aéroport pour prendre son envol, seul compagnon joyeuxnotre petit Jaxou, adorable chien (Jack Russel, pour les connaisseurs) pour quila moindre sortie était une fête.


L'attente, longue et stressante trouva enfin son épilogue devant le poste de contrôle des passeports où nous dûmes nous séparer, la séparation fut difficile .

Après un instant de flottement nous nous résolûmes à rentrer à Paris laissant Céline et Jax (pour ceux qui le connaissent) prendre l'avion.

Sur l'autoroute, le téléphone sonne :
( voix stressée)
- Cheri c'est moi ! quel est le code de sécurité de la valise ?
- Quoi tu l'as déjà oublié ?
- C'est bien le 1234 ?
- Oui !
- Ca ne marche pas !
- Tu as du te tromper voyons ell est toute neuve cette valise !
- Non je t'assure
- Pourquoi veux tu l'ouvrir ?
- Un agent des douanes qui fait du zèle, il fait venir un chien pour renifler la valise et veut que je l'ouvre, il n'y a rien à faire, si ça continue je vais rater l'avion !

Bref apres moulte discussions et un agent de service compréhensif les choses furent réglées et Céline embarquée .

Fin de la première étape ...
http://www.koreus.com/media/decollage-A319.html

jeudi 15 mars 2007

Les Préparatifs

Une fois la grande décision prise, il fallait la mettre en musique et là la partition ne fut pas simple à composer et encore moins à exécuter.

Quelques points étaient à régler comme : Où poser nos valises ?

Plusieurs solutions étaient envisageables nous les avons passées au tami de nos préférences et de nos contraintes
Evidemment, quelques membres de la famille nous ont proposé de nous fixer pres de chez eux pour nous faciliter les premiers pas, mais ils furent peu nombreux.

En fait tres vite la short list fut établie :

Tel Aviv : l'internationale bruyante et jamais assoupie offrant plein de ressources mais certainement trop "urbaine" pour nous

Jeru : Centre du monde, beaucoup de francophones mais trop empreinte de religion pour nous ( cela pourrait choquer ou étonner certains lecteurs mais c'est ainsi) et surtout grouillante et loin de la mer

Ashdod : Beaucoup de francophones mais trop petite, une image de banlieue peut être imméritée mais qui est fixée dans mon esprit.

Netanya : Et pourquoi pas La Goulette / Belleville / Deauville? Pour un week end peut être pour la vie certainement pas notre tasse de thé , oui oui je sais, cela démontre encore un peu plus notre snobisme :)

Et Puis Haifa: La Belle du Nord, endormie et à l'abri des touristes, étendue au creux d'une des plus belle baies du monde.

Après quelques contacts et surtout le travail de fond d'un certain Yaakov, puisque c'est ainsi qu'on le nomme ici nous décidâmes d'investiguer plus à fond cette destination .

Banco! Cette fois c'est la bonne, cochon qui s'en dédit! et me voila embarqué dans un vol qui me mène dans cette ville encore inconnue...

Pour moi Haifa c'était une grande ville portuaire, la Rotterdam du moyen Orient avec des docks et des marins en bordée, des usines, et point non négligeable le Technion pôle de developpement technologique internationalement reconnu;
une population cosmopolite et une mixité judo arabe assez unique peut ête même un peu inquiètante vu de loin, (comme quoi le fantasmes sont les mêmes de part et d'autre de la méditerrannée dès qu'il s'agit de cohabitation entre juifs et arabes).

Arrivant sur place j'ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs personnes travaillant à l'accueil des français , je tiens à remercier ici Yoline que tous les Haifayens connaissent et qui fait un travail tout à fait remarquable, plein de dévouement et de gentillesse et les gens de l'UNIFAN.

Ainsi j'ai eu l'occasion de faire connaissance avec cette cité et de découvrir des quartiers aussi différents que la basse ville ( le HADAR), le port industrieux, le Carmel où se succèdent les maisons individuelles dans des quartiers résidentiels, Matam véritable mini technopôle où voisinent dans des immeubles de verre et de terrasses ( vous remarquerez que je n'ai pas parlé d'acier :) ) bordant la mer les grands noms de la High Tech ...

J'ai été frappé par l'omniprésence de la mer, née au bord de la baie, la ville s'est developpé sur les contreforts du mont Carmel recouvrant les promontoires, ici à l'est sur la grande baie , là à l'ouest sur le couchant mais toujours avec la mer.

Les points de vue époustouflants sont multiples, il suffit de tourner à un coin de rue pour en prendre plein les yeux à tout moment .

Et la mer ici côtoie la verdure, toujours présente dans les rues, un vrai luxe dans un pays chaud.


Ici on croise l'ensemble de l'univers, russes omniprésents, un peu bourrus et parfois encombrants, roumains, anglais (si, si !), druses, arabes chretiens et musulmans avec qui j'ai toujours eu un contact chaleureux, j'en passe bien d'autres et bien sûr quelques français, encore trop peu nombreux ( dont je vous brosserai les tableaux ultérieurement).

Ainsi espérant trouver là le terreau favorable au développement de nos racines, nous élûmes Haifa pour nous y fixer.

Il nous restait plus qu'a
  • Trouver une solution technique acceptable
  • Recruter du personnel
  • Trouver des bureaux (et accessoirement une maison)
  • Organiser le déménagement de l'appartement parisien
  • Mettre en oeuvre la formation et le transfert de l'activité en toute transparence
et enfin apprendre à vivre une nouvelle vie et laisser enfin peut-être pousser nos racines ...

J'espère ne pas vous lasser ... à suivre

Vous pouvez vous rendre compte que j'ai encore quelques pages à écrire

mercredi 14 mars 2007

- La Genèse -

Pour ceux qui nous connaissent et se sont demandés le pourquoi de cette aventure, ou de cette folie pour certains, il me semble important de revenir sur certains points qui ont petit à petit contribué à une prise de décision majeure à cette étape de notre vie.

Je ne voudrais pas que vous pensiez que notre départ se traduit comme une fuite devant la montée d'un antisémitisme français virulent même si une résurgence de vieux démons jamais totalement vaincus nous fit goûter à l'amer.

Je me refuse, et je crois ne pas être démenti par ma chère et tendre, à cracher dans la soupe en insultant une France qui nous a pendant longtemps nourris,éduqués, choyés, protégés et à qui nous sommes redevables de ce que nous sommes et de ce que sont nos enfants.

Notre départ est l'aboutissement de différents evènements dans notre vie et une tentative de réponse à certaines questions existentielles qui se posent à tout jeune quinca vivant :
On pourrait résumer cela en reprenant Becaud
"Et maintenant, que vais je faire de tout ce temps que sera ma vie ?"

et Sardou
" Si l'on pensait un peu à nous ?"

Nos enfants sont grands et indépendants maintenant.

Nous commencions à nous enrober dans une routine confortable avec une entreprise relativement sereine

Nous avons toujours ménagé dans notre coeur une place de choix à Israel, ce pays mythique aux yeux des juifs et du monde entier, et nous étions témoins de ses difficultés et bien plus encore de l'injustice avec laquelle il est régulièrement traité -à nos yeux- par les instances médiatiques et une certainte partie de la communauté internationale.

Bien sûr noous avons été choqués de certains évenements manifestement antisémites sur lesquels je ne reviendrai pas, car ce n'est pas l'objet de ce témoignage.

Tout cela a contribué à réveiller notre esprit Don quichotesque, en voulant rejoindre Israel , non pas au moment d'une retraite confortable mais plus tôt dans notre vie, en apportant une contribution, une certaine valeur ajoutée, avec une idée simple : "En faire partie..." Ah les grands mots / maux.

Voila donc en quelques lignes résumée la genèse de l'histoire ce ce qui sera peut être notre grande aventure et un pari insensé de plus à notre actif ( passif ?)